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Illiade, un jeu de cartes sanglant autour de la guerre de Troie

Le jeu de société Illiade, chez Asmodée éditions
Dernière mise à jour le 11 novembre 2024

Edité par Asmodée, Illiade est un jeu de société  pour 2 à 6 joueurs, qui prend la forme d’un jeu de cartes qui prend pour toile de fond une des plus célèbres guerres de l’antiquité. Les participants s’affrontent à travers une série de sièges, au cours desquels ils vont tenter de mettre sur pied l’armée la plus puissante possible. Tous les coups sont permis ou presque, dans ces batailles âprement disputées où construction et destruction s’enchainent sur un rythme frénétique.

Illiade, dans les grandes lignes

Dans le jeu de société Illiade, les joueurs s’affrontent à travers une série de sièges successifs qui leur permettent de gagner des points de victoire. Les points mis en jeu sont révélés pour chaque siège sont révélés au début de ceux-ci, inscrits sur des tuiles qui sont retournées, et qui reviendront au vainqueur. Le premier qui inscrit 12 points au total est instantanément déclaré vainqueur de la partie. Les joueurs qui combinent certains types de tuile peuvent aussi s’attirer les faveurs de dieux majeurs du Panthéon grec, Poséidon et Athéna, qui leur accordent également des points pour accélérer leur course vers la victoire.

La guerre, en trois actes

Lors d’un siège, les joueurs peuvent, chacun à leur tour, effectuer une (et une seule) des trois actions suivantes.

  • Jouer une carte de leur main pour la poser devant eux. Une unité militaire, offensive ou défensive, qui vient rejoindre les ranges de leur armée.
  • Attaquer l’armée d’un concurrent, en utilisant certaines de leurs cartes déjà posées lors des tours précédents. Sur chaque type d’unité figurent les symboles des autres types d’unités qu’elle peut éventuellement détruire. Aucune carte n’est invincible, chacune a son… talon d’Achille ! Si certaines sont des proies faciles, d’autres sont plus délicates à éliminer. La carte attaquante et la carte ciblée sont défaussées.
  • Passer leur tour, s’ils ne veulent ou ne peuvent plus jouer de cartes. Attention toutefois, tout arrêt est définitif : les joueurs qui choisissent de passer ne pourront plus abattre de nouvelles cartes dans le siège en cours. Mais un joueur qui passe son tour n’est pas exclu du siège pour autant. Les points qu’il a inscrits seront pris en compte, comme ceux des autres adversaires, au moment du décompte qui vient déterminer le gagnant du siège.

Des unités militaires aux effets variés

Les unités de combat sont assez diversifiées, se répartissent entre unités d’attaque et de défense. Outre les archers, les éléphants, les chars, les herses, les catapultes et bien d’autres éléments encore, on retrouve les incontournables hoplites, fameux guerriers de la Grèce antique.
Attention toutefois : les archers, chars et hoplites sont les seules unités à pouvoir engranger directement des points.

Illiade regorge de subtilités à découvrir pour bien s’approprier l’ensemble des possibilités.

  • Une carte Eléphant peut accueillir deux cartes, à choisir parmi les archers ou les hoplites et multipliera par deux leur valeur.
  • Autre carte servant au transport de troupes, la carte cheval de Troie permet de cacher des cartes hoplites ou archers, et donc de dissimuler leur valeur.
  • Le Char est la seule carte qu’il est possible de joueur offensivement directement de sa main, sans l’avoir posé au préalable.

Le siège ne prend fin que lorsqu’il ne reste plus qu’un joueur actif, que tous les autres ont passé leur tour. On procède alors au décompte : on calcul le total des points rapportés par chaque armée, en observant la valeur des cartes encore présentes sur le champ de bataille, et en résolvant les combinaisons nécessaires, le cas échéant.

Quelques subtilités encore :

  • Un joueur peut s’arrêter et pour autant avoir plus de points que le dernier joueur actif.
  • Le dernier joueur actif est libre de continuer à jouer autant de cartes qu’il le souhaite, que ce soit pour composer son armée ou attaquer ses adversaires.
Cette armée se compose d'un éléphant portant un archers et un hoplite, et d'une formation de trois hoplites en phalange.

Cette armée se compose d’un éléphant portant un archers et un hoplite, et d’une formation de trois hoplites en phalange.

Des références nourries à la guerre de Troie

Le jeu de cartes Illiade multiplie, comme on pouvait s’y attendre, les références à la guerre de Troie.

Figures mythiques tirées du récit

Achille, Ulysse, Ajax, Patrocle… Les valeureux héros grecs qui prennent part aux événements, dans le récit traditionnel, répondent à l’appel et joignent leurs forces aux armées des belligérants. Chaque héros vaut un certain nombre de points. Le premier joueur à quitter un siège saisit le héros de plus grande valeur, le second joueur prend le héros de valeur directement inférieur et ainsi de suite jusqu’au dernier joueur toujours en jeu qui récupère le héros de plus faible valeur. Cette mécanique introduit donc elle aussi une certaine dose de subtilité, puisque s’éterniser sur le champ de bataille revient à se passer d’un nombre de points importants…

6 héros légendaires viennent prêter main forte aux joueurs en gonflant leur total de points.

6 héros légendaires viennent prêter main forte aux joueurs en gonflant leur total de points.

Les dieux sont également de la partie dans Illiade. Les tuiles de victoire sont soit des tuiles Cités, soit des tuiles Trirèmes. Le joueur qui cumule le plus de points Cités bénéfice de l’appui d’Athéna. Une tuile représentant cette déesse passe sous son contrôle et lui octroie 2 points supplémentaires. Le joueur qui totalise le plus de points Trirèmes voit Poséidon lui apporter son soutien, avec 2 points supplémentaires.

Le roi Agammemon s’implique lui aussi dans le conflit. Sa tuile apporte 1 point de victoire bonus au gagnant du dernier siège. Elle circule donc régulièrement d’un joueur à l’autre et c’est bien souvent elle qui permet d’atteindre le seuil fatidique des 12 points.

Athéna, Poséidon et Agamemnon offrent leur soutien à travers quelques points bonus.

Athéna, Poséidon et Agamemnon offrent leur soutien à travers quelques points bonus.

La belle Hélène, au cœur même de la guerre de Troie, prend elle aussi une part active au jeu. Elle se présente sous la forme d’une tuile de victoire unique, et particulièrement précieuse : elle vaut exceptionnellement 5 points, la plus forte valeur d’entre toutes. Dans un système où les joueurs s’efforcent de marquer 12 points, on comprend aisément qu’Hélène pèse lourd. Sa mise en jeu impacte immanquablement le cours de la partie.

Le cheval qui cachait les hoplites

Dans Illiade, on retrouve également le cheval de Troie. Il prend la forme d’une carte de combat relativement rare. Le joueur qui la place devant lui peut dans les tours suivants lui associer des cartes, face cachée, pour composer ainsi une armée secrète, qui ne sera dévoilée qu’en fin de siège, ou que si le cheval est abattu par une carte ennemie.Le cheval de troie, dès qu’il embarque d’autres cartes masquées, pique la curiosité chez l’adversaire. Il peut aussi être l’occasion d’introduire une part de bluff.

Les hoplites, ces fantassins de l’antiquité grecque, forment assez logiquement l’unité militaire de base, dans le jeu. Les cartes hoplites s’y trouvent donc naturellement en de nombreux exemplaires. Les joueurs choisissent de les disposer individuellement devant eux, ou bien de les regrouper sous forme de phalanges. Les phalanges sont particulièrement redoutables si elles se frayent un chemin jusqu’au bout du siège en cours, c’est à jusqu’au compte final des points. La composition des phalanges est soumise à certaines conditions, mais elles permettent d’inscrire beaucoup de points.

On peut placer des cartes faces cachées sur le cheval de Troie. Evidemment, il ne manque pas d'éveiller l'attention chez l'adversaire...

On peut placer des cartes faces cachées sur le cheval de Troie. Evidemment, il ne manque pas d’éveiller l’attention chez l’adversaire…

Des affrontements chaotiques

Les joueurs doivent donc composer la plus forte armée possible. Ils s’efforcent de déployer leur armée tout en contrôlant la taille de celle des autres. Tout le sel d’Illiade réside dans la recherche de cet équilibre entre construction et destruction. Bon, mais le problème c’est que les affrontements tournent un peu trop souvent au jeu de massacre.

Furie destructrice et désolation

Le jeu s’avère souvent frustrant car les cartes que l’on déploie devant soi sautent régulièrement sous les attaques adverses, ou bien quand on prend l’initiative de les sacrifier pour éliminer des troupes adverses ! Il n’est pas rare de se retrouver sans la moindre unité devant soi, après le troisième tour ou plus d’un siège.

La présence de certaines cartes sur le champ de bataille fonctionne comme une véritable menace dissuasive. On pose parfois à contre cœur certaines cartes, en sachant qu’elles vont vraisemblablement être éliminées rapidement. Mais on le fait contraint et forcé, car il faut jouer ses cartes pour rester dans le siège et conserver une chance de l’emporter.

Participer aux sièges pour tenter de s’imposer s’avère évidemment coûteux en cartes. Une fois passée la distribution initiale qui offre à chaque joueur une douzaine de cartes, il est difficile de recomposer et d’étoffer sa main, son stock. On ne récupère, entre deux sièges, que trois cartes tirées de la pioche.

Attendre que l’orage passe, choisir ses batailles

Couvrir tous les fronts n’étant pas possible, il va donc falloir choisir soigneusement ses batailles (ou plutôt ses sièges) et faire preuve de patience. La valeur ou le type des tuiles de victoires, dévoilées en début de siège, va souvent déterminer le niveau de pugnacité des adversaires. On peut souhaiter par exemple aller chercher une tuile rapportant de nombreux points, ou se concentrer sur l’obtention d’une tuile Cités pour rallier Athéna à sa cause et creuser l’écart en termes de points.

Illiade intègre donc une solide dimension stratégique, mais souffre aussi de défauts qui peuvent réduire le plaisir de jeu. La difficulté à mettre sur pied et maintenir en place son armée en est une. Mais les joueurs doivent aussi composer avec le hasard qui découle de la distribution des cartes, doivent faire au mieux avec ce qu’ils ont en main. Il n’est pas impossible de se retrouver avec une main composée de cartes avant tout défensives, pratiques pour ruiner l’armée des autres, mais moins pour inscrire des points.

Aussi, disons le franchement : on a parfois un peu de mal à s’amuser en jouant à Illiade. On ne va pas se mentir : les éclats de rire se font rares.

Dans une boîte de taille modeste, Illiade parvient à offrir un jeu de cartes ayant pour thématique la guerre de Troie. Et le thème est habilement exploité, grâce à de nombreux éléments qui vont de la belle Hélène aux indispensables phalanges d’hoplites, en passant par le fameux cheval de Troie.

Le jeu lui même s’avère quelque peu musclé puisque ses mécaniques sont portées sur la destruction, autant ou sinon plus que sur la construction. Illiade vient donc avec quelques frustrations qui empêchent les parties d’être très amusantes.


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