Les monnaies romaines

Le chrisme sur les monnaies romaines

Monnaie au grand chrisme, ou Chi-rho
Dernière mise à jour le 14 octobre 2024

Le chrisme, ancien symbole chrétien, a été utilisé sur le monnayage romain à partir du IVème siècle après Jésus-Christ. L’apparition de ce monogramme sur les monnaies remonte à Constantin, souvent considéré comme le premier empereur chrétien. Les monnaies arborant un chrisme ont perduré jusqu’à la fin de l’empire romain d’occident, et même bien après.

Le Chrisme, aussi appelé Chi-rho, est un ancien symbole chrétien qui combine les deux premières lettres du nom du Christ, qui s’écrit χρηστος en grec.
Les deux lettres grecques Χ (chi, se prononce “kh”) et Ρ (ro, s prononce “r”) sont superposées pour former le monogramme ☧.

“Sous ce signe tu vaincras”

Le symbole fait ses premières apparitions dans le monnayage romain sous l’empereur Constantin, qui règne dans la première moitié du IVème siècle après Jésus-Christ. Constantin Ier noue des liens particuliers avec le dieu des chrétiens, puisque le Christ lui apparaît en songe, à la veille d’une bataille décisive, celle du Pont Milvius en 312, qui l’oppose à son rival Maxence.

Le Christ se présente à Constantin et lui montre le chrisme. Il lui demande d’arborer le symbole sur son étendard et lui affirme que celui-ci lui apportera la victoire. Un message accompagne en effet le symbole: hoc signo victor eris (“sous ce signe tu vaincras”).

"La Croix Miraculeuse". Sur cette gravure inspirée par Rubens, Constantin aperçoit dans le ciel le monogramme du Christ avant la bataille du Pont Milvius. [© British Museum]

« La Croix Miraculeuse ». Sur cette gravure inspirée par Rubens, Constantin aperçoit dans le ciel le monogramme du Christ avant la bataille du Pont Milvius. [© British Museum]

Constantin n’hésite pas : il passe la consigne à ses hommes de dessiner un chrisme sur les boucliers et sur les labarums.

Le labarum est un type d’étendard militaire qui se compose d’une pièce de tissu carrée ornée d’un chrisme, et attachée au bois.

Constantin, qui écrase son adversaire, se félicite de la faveur et de la protection que lui a accordées le dieu des chrétiens. Après cette importante bataille, Constantin Ier fait proclamer en 313 l’édit de Milan, qui permet aux chrétiens d’exercer librement leur culte. Ils ne sont donc plus tenus de vénérer la personne de l’empereur, de l’honorer comme un dieu. Ce point donnait lieu jusque-là à d’importantes crispations.

Premières apparitions du chrisme dans le monnayage de Constantin

Les premières monnaies qui arborent le chrisme sont de larges multiples d’argent, des médaillons émis lors de la célébration des décennales de Constantin, qui saluent en l’an 315 ses dix ans de règne. Sur ce médaillon vraisemblablement distribué de façon honorifique à quelques élus, le christogramme se fait discret mais orne néanmoins le casque d’un Constantin en tenue militaire.

Avers et détail d'un des rares exemplaires du médaillon d'argent que Constantin Le Grand a fait frapper pour célébrer ses 10 ans de règne. Le chrisme est visible dans le premier cercle qui surplombe le casque [© NumisBids]

Avers et détail d’un des rares exemplaires du médaillon d’argent que Constantin Le Grand a fait frapper pour célébrer ses 10 ans de règne. Le chrisme est visible dans le premier cercle qui surplombe le casque [© NumisBids]

Le chrisme ne se diffuse encore que lentement sur les émissions monétaires des années qui suivent. Il faut attendre la fin des années 320 pour que le chrisme se fasse plus régulier sur le monnayage de Constantin, et qu’il devienne un motif récurent même s’il n’est jamais qu’un élément secondaire. On le retrouve alors sur des types de revers différents, et souvent figuré sur des labarums.

Aux yeux de beaucoup, Constantin Ier, dit Constantin Le Grand, est le premier empereur chrétien. Constantin ne se convertit toutefois au christianisme que sur le tard, lorsqu’il reçoit le baptême quelques instants seulement avant sa mort, en mai 337. Sa vie durant, Constantin aura préféré continuer à jouir des privilèges liés à son statut d’empereur, peu compatibles avec la sobriété et l’existence modeste prônées par la doctrine chrétienne.

À la suite de Constantin, les prétendants au pouvoir impérial ont eux aussi recours au chrisme sur les monnaies qu’ils font frapper, et lui accordent même davantage de poids. Ils n’hésitent pas pour certains à en faire le thème principal du revers de leurs monnaies. C’est le cas notamment de Magnence, qui fait frapper certaines monnaies figurant un grand chrisme occupant tout l’espace au revers. Le symbole y apparait flanqué des lettres grecques A et ω (alpha et omega) rappelant les mots du Christ : “Je suis l’alpha et l’oméga, le premier et le dernier, le commencement et la fin”.

Magnence fait frapper des monnaies dont le revers est orné d'un grand chrisme. [© American Numismatics]

Magnence fait frapper des monnaies dont le revers est orné d’un grand chrisme. [© American Numismatics]

Le chrisme s’impose durablement sur les monnaies

Même s’il ne conserve pas cette représentation en plein sur les monnaies des règnes suivants, le chrisme restera un motif récurrent sur les monnaies de l’empire romain d’occident, jusqu’à la chute finale de ce dernier au Vème siècle après Jésus-Christ. Le chrisme ne se trouve d’ailleurs pas uniquement cantonné à des labarums tenus par des militaires au revers. On peut régulièrement l’observer à l’avers, à proximité directe de l’empereur. Sur certains de leur solidus, Honorius ou Majorien, des empereurs tardifs, se font ainsi représenter en tenue militaire, portant une cuirasse et un bouclier orné du chrisme.

Sur les revers de ces solidus, Honorius et Majorien, deux empereurs du Vème siècle, apparaissent en armes et portant un bouclier orné d'un chrisme [© American Numismatics]

Sur les revers de ces solidus, Honorius et Majorien, deux empereurs du Vème siècle, apparaissent en armes et portant un bouclier orné d’un chrisme [© American Numismatics]


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